Si vous avez étudié notre précédent article, vous êtes à présent en mesure d’aborder la prise de sons à proprement dit. Comme nous l’avons déjà exposé la semaine dernière et nous ne le répéterons jamais assez, il est primordial de définir précisément quel type de prise vous aller réaliser, ceci afin d’utiliser le micro le plus adapté à votre travail.
Le micro " à tout faire " n’existe pas. Je ne dis pas par là qu’il vous faut vous équiper d’une véritable batterie de micros. Loin de moi cette idée, votre budget ne le supporterait certainement pas. Sans compter les soucis qui interviennent lorsque vous employez des micros de plus en plus spécialisés. Mieux commencer s’équiper de " passe partout " du genre shure SM58 ou bien electrovoice dans sa série HD pour l’enregistrement des voix, chœurs. Il sert aussi à la prise d’instrument en général, la guitare, les cuivres (sax, trompette etc.…), les percussions (batterie, congass etc.…),autant dire à peu près à tout. C’est un excellent micro dynamique qui encaisse des pressions acoustiques. Armé de votre micro il existe certaines lois et quelques détails que vous vous devez de connaître avant d’opérer.
1. le décibel (db), est le dixième du Bel. Manipuler les dB n’est pas chose facile. Un exemple ? Combien va-t-on gagner de dB en doublant le nombre d’enceintes dans une salle ? Réponse : on ne fait que rajouter 3 dB.
L’oreille est notre micro. Ses performances ont servi à établir l’échelle de référence de la perception sonore Toute échelle comprend une série de barreaux. Mais il faut tout d’abord définir la base. Les acousticiens, notamment Fletcher, ont attribué la valeur de 0dB au seuil d’audibilité. Cela correspond à une variation de pression acoustique extrêmement faible de 0.00002 N/m2. A l’autre bout de l’échelle, le seuil de la douleur se situe aux environs de 125 dB. De part et d’autre de ces valeurs, la variation de la pression acoustique est quantifiable avec des appareils de mesure.
2. Distance et atténuation.
Les décibels réservent bien d’autres surprises. Il est bon de connaître, par exemple, La loi qui régit l’atténuation sonore en fonction de la distance. Celle-ci est très utile, notamment dans le cadre de la sonorisation. Vous avez relevé 110 dB, sur votre sonomètre à 1 mètre d’une enceinte assimilée à une source omnidirectionnelle, et vous vous demandez ce que va devenir ce niveau à 2 mètres ? A 2 mètres, la distance qui vous sépare de la source à doublé par rapport au point où vous aviez relevé les 110 dB. La perte est de 6 dB. Le niveau en ce point d’écoute est donc de 110 dB 6 dB = 104 dB.
130 dB | Seuil de la douleur |
125 dB | Décollage avion à réaction |
110 dB | Marteau piqueur |
90 dB | Métro |
70 dB | Aspirateur |
60 dB | Grand magasin |
50 dB | Bureau |
40 dB | Zone résidentielle |
30 dB | Murmures |
0 dB | Seuil d’audibilité |
Echelle des décibels
A Quatre mètres, la distance entre la source et le nouveau point d’écoute est multipliée par quatre. La distance étant doublée par rapport au dernier point relevé, il suffit de nouveau de retrancher 6 dB aux 104 dB relevés soit 98 db. En suivant ce raisonnement, on arrive successivement à des niveaux de 92 dB à 8 mètres, 88 dB à 16 mètres, etc.
Atténuation de l’intensité sonore en fonction de la distance
3. le " 0dB "
Jusqu’à présent, les décibels que nous avons rencontrés sont tout droit issus de calculs acoustiques. La membrane et la bobine mobile du micro vont convertir ce niveau acoustique en un niveau électrique. La correspondance entre niveau acoustique et niveau électrique date d’avant-guerre. Il est le fruit d’un travail réalisé dans le domaine des télécommunications. Plus précisément du téléphone. Le 0db que l’on peut lire sur les VU-mètres équipant les magnétophones, consoles, etc., est un niveau référence adopté sur le plan international. Pour être conforme, Le 0dB doit correspondre à une tension de 0.775volt (charge de 600 ohms, 1mWatt de puissance). Différence fondamentale par rapport au 0dB acoustique, il ne s’agit pas d’un niveau de perception minimum mais d’un niveau électrique " optimal ", sans distorsion assurant un rapport signal-bruit (S/B) aussi favorable que possible.
Tout ceci peut vous sembler rébarbatif mais vous vous apercevrez très vite avec la pratique que ces notions sont fondamentales.
Le tableau qui va suivre vous expose en détails le spectre de fréquence des différents instruments de musique, celui de la voix, ainsi que plusieurs informations qui se révéleront indispensable pour vos prises de sons. Ces indications vous seront surtout utiles si vous réalisez des prises de sons musicales et que pour l’occasion vous disposez d’une console de mixage de vos entrées d’enregistrement. Nous débattrons plus tard de ce type d’enregistrement dans les moindres détails. Ceci, individuellement, par instrument, car comme l’indique le tableaux ci-dessous, chacun possède son propre spectre de fréquence et par conséquent, nécessite une prise de son qui lui est propre.
Instruments |
Spectre |
Harmonique |
Attaque |
Déplacement D’air |
Direction micro |
Type micro |
Distance |
Voix |
120 à 2 khz |
8khz |
|
Fort |
Bouche |
Statiq.,Dynamiqu |
20cm |
Violon/alto |
200 à 3,5khz |
10khz |
|
Faible |
Ouïes |
Electret |
30/40cm |
Violoncelle |
65 à 550khz |
8khz |
|
Faible |
Ouies |
Dynami.,electret |
40cm |
Contrebasse |
41 à 250khz |
5khz |
|
Faible |
Ouies |
Dynami, (omni) |
5cm /30cm |
Flûte traversière |
250 à 6000hz |
10khz |
Forte |
Fort |
Embouchure |
Electret, dynami. |
5cm/40cm |
Saxo + cuivres |
50 à 1000hz |
8khz |
Forte |
Fort |
Pavillon |
Dynamique |
10cm |
Piano |
27,5 à 4100hz |
8khz |
T. forte |
Moyen |
Table harmo. |
Electret, dynami. |
5cm |
Instrum.Amplifié |
60 à 8 khz |
10khz |
|
Fort |
Haut-parleur |
Dynamique |
10 à 20cm |
Grosse caisse |
30 à 200 hz |
2khz |
T. forte |
Fort |
Peau |
Dynamique |
5cm |
Caisse claire |
60 à 9 khz |
18khz |
T. forte |
Fort |
Peau |
Dynamique |
5cm |
Charleston/Cymbale |
200 à 10 khz |
20khz |
Forte |
Moyen |
Cloche |
Electret |
5cm |
Toms |
80 à 300 hz |
2,5khz |
Forte |
Moyens |
Peau |
Dynami.statique |
5cm |
Percussions (congas, tablas, etc) |
60 à 1500 hz |
|
T. forte |
Fort |
peau |
Dynami.statique |
5cm |
Après la théorie… la pratique !
Pour débuter, nous commencerons par une prise de son simple de voix. Nous considérons comme matériel utilisé, un micro dynamique avec son support (perche + fixation rigide ou suspension souple), un petit pupitre de mixage de type 4 entrées mono (soient 2 entrées stéréo !) et un master général, un magnétophone ou un appareil enregistrement quelconque ( bande, cassette analogique, cassette numérique (DAT), mini-disc ou disquette) et pour terminer, un outil indispensable , le casque qui servira aux essais préalables a " l’écoute critique "
On choisira un micro directionnel protégé par une bonnette pour atténuer le souffle de la respiration et les éventuelles " plosives " (les " p " trop, agressifs) ; l’ensemble étant bien entendu monté sur une suspension souple. La direction de la capsule demeurera la bouche du speaker, mais elle sera située à hauteur de ses yeux et à environ 15 cm de distance, si celui-ci ne lit pas un texte.
Si le commentaire est lu, le speaker, par nécessité, aura la tête légèrement baissée, on pourra alors placer le microphone à la hauteur du coup et dirigé toujours vers la bouche, mais en considérant que, par cet emplacement , l’énergie de la parole se trouve dirigée, dans sa totalité, vers la capsule microphonique ; on veillera donc attentivement aux risques de saturation. On évitera par conséquent, de placer la capsule franchement face à, la bouche de l’orateur, sauf si ce dernier doit murmurer.
Il sera souvent utile ( si vous possédez une console qui le permet) de corriger le timbre de certaines voix.
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Présence : + 2 ou + 4 dB entre 2400 Hz et 3200 Hz,
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Parfois atténuation d’un timbre trop métallique : - 2 ou 4 dB, voire plus, aux mêmes fréquences,
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Correction des sifflantes vers 10 000 Hz ou 8 000 Hz à 2 dB, - 4 dB en faisant bien attention de ne pas détimbrer la voix par une action trop brutale sur les harmoniques,
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Atténuation des fréquences graves ( plosives ou " pops ") vers 100 Hz à 4 dB pour un homme et vers 200 Hz pour une femme, la voix devient de surcroît plus claire.
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Redonner du moelleux à une voix un peu terne en montant de 4 dB vers 100 Hz et 200 Hz par exemple. On peu aussi creuser un peu le médium ou encore remonter le bas médium entre 500 et 800 Hz.
Il s’agit d’une question d’appréciation personnelle.
D’une façon générale, pour la prise de son, on peut dire que si le microphone est dans l’axe du speaker, l’intelligibilité du message est maximum et l’équilibre spectral satisfaisant. Toutefois selon les individus il y a des risques de sifflantes ou de " pops " (parfois même les deux !) d’où la nécessité de contrôler impérativement la distance de la capsule à la source sonore.
Si le micro est situé en dehors de l’axe du speaker, partie supérieure, inférieure ou latérale, on diminue en revanche les sifflantes de la parole (et on évite les " pops ").
Cependant on déséquilibre le spectre de la voix en donnant subjectivement l’impression d’un flou global, ce qui d’ailleurs peut avantager certaines voix.
En cas de prise de son rapprochée (quelques centimètres), les phénomènes deviennent particulièrement accentués : sifflantes et " pops " bien présents, mais surtout renforcement du bas-médium et du grave dû à l’effet de proximité. Ces problèmes s’atténuent sérieusement à l’aide d’une suspension souple et d’une bonnette formée d’un mince film de nylon, ou encore grâce à l’interposition, entre la bouche et la membrane du microphone d’un dispositif constitué de deux épaisseurs de gaze (parfois deux fines grilles métalliques).
Quelques mots sur les " champs acoustiques ".
1. le champs de proximité.
On est dans la zone de proximité lorsque la distance microphone-source est inférieurs à deux fois la plus grande dimension de la source (exemples : quelques centimètres pour un sifflet, deux mètres pour un orgue).
Si l’on déplace, même très peu, le capteur, le niveau de pression apparent de la source change assez considérablement, principalement lorsque la distance micro-source est inférieure à la longueur d’onde de la fréquence la plus basse issue de la source sonore Il y a des risques de saturation des suites de l’importante dynamique, on est alors contraint d’utiliser un compresseur ou de réduire manuellement les pointes. Les basses fréquences sont aussi privilégiées à cause de l’effet de proximité.
De plus, en champs de proximité, la lisibilité et l’intelligibilité du message ne sont pas toujours nécessairement excellentes. Selon les sources sonores, il convient d’en tenir compte.
2. le champs moyen (champs libre)
En zone moyenne, malgré de légers déplacements du microphone, la pression sonore sur le capteur relativement constante et l’équilibre spectral du message n’est pas affecté.
C’est en fait la position microphonique à l’intérieur du champs moyen qui est la plus intéressante, car les réflexions sur les parois du local interviennent afin de permettre à un auditeur de situer la source sans perte de présence pour autant. La lisibilité du message demeure claire, et la dynamique, sans excès à cette distance, conserve son naturel et se passe de l’emploi d’artifices techniques.
3. Le champs lointain
Dans cette zone, le capteur est situé de telle manière qu’il capte également certaines sources ainsi que leur environnement. Dans les locaux fermés, le champs éloigné plongera l’auditeur dans une réverbération excessive, et, sauf effet spécial voulu, cet emplacement est à proscrire.
L’enregistrement
A présent il vous faut " poser " ce son sur un support. Dans tous les cas, vous devez faire ce que l’on appelle " les niveaux ", plus couramment, le " 0 dB ", c’est à dire que vous devez d’abord régler vos niveaux " d’entrée " dans votre enregistreur. Il vous faut vérifier que le signal d’entré ne " saturera pas " la console puis le magnéto. Pour ce faire, coiffez votre casque et envoyer un signal dans votre appareil, faites en sorte que le niveau maximum relevé sur les VU-mètres atteigne au maximum 6 dB. Au delà de cette limite, la qualité du son n’est plus garantie. Faites-vous également une idée du son en lui même grâce à votre oreille. Si cela est nécessaire, affiner les réglages. Une fois ces étapes franchies, vous voici parés à réaliser votre première prise de son comme un professionnel. Et N’OUBLIEZ PAS ! ! ! Faites toujours confiance à votre oreille…
A bientôt pour un nouvel article.
N’hésitez pas à me faire part de vos suggestions quant aux différents sujet que vous aimeriez voir traiter dans cette rubrique.
MAVERICK
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